
Après une situation douloureuse où au fil des rencontres, on partage des expériences. On s’en nourrit. On puise au plus profond de soi-même pour se découvrir ou se redécouvrir. Certains connaissent mon parcours, mon accident, d’autres non, mais je tiens à faire le bilan de ce que le Yoga m’a apporté au niveau physique et psychologique. Côté fracture : une chute de 7 m au sol, atterrissage forcé sur la fesse droite puis fracture tête radiale bras droit, bassin cassé sur toute la longueur droite et une vertèbre explosée. Opération d’urgence, frôlant la paralysie et vissage puis pose d’une vertèbre en titane 3 semaines plus tard. Comment c’est arrivé ? Une erreur toute bête comme oublier de faire son lacet…
Le jour J : Un impact violent, des étoiles, un son sourd, puis un moment de latence où tout est au ralenti… On se demande ce qui se passe, si cela est vraiment arrivé, une sensation étrange comme un rêve éveillé, rien ne semble réel et pourtant c’est une réalité. Une vive douleur me rappelle à l’ordre avec l’incapacité de respirer. En l’espace d’un instant où tout semble figé, le corps devient faible et fragile. On se met à chuchoter car c’est le seul son encore possible. A ce moment précis, je ne pense qu’à une seule chose : « Quand est-ce que je vais m’évanouir ? ». Je veux fuir, partir pour ne plus rien ressentir… Les 5 premières minutes, je pense : « Bon ! Position premier secours au cas où je vomis… puis tu te mets en hauteur pour respirer… » Comme un robot, j’exécute ce que me dit mon cerveau : après l’impact, je pousse sur mes jambes et me mets de côté sur mes affaires pour chercher de l’air… Cet air que je n’arrive plus à prendre correctement. Encore et toujours, cette douleur dans la poitrine puis dans le dos. J’ai conscience d’un problème au niveau de la taille. Je demande une veste pour remplir cet espace vide… Une tension tellement forte que ça en devient insoutenable. Puis, je me dis « Penses Yoga et micro-souffles… La douleur est suggestive ». Pendant ma formation, j’ai appris ces micro-souffles, quasi imperceptible, où presque rien ne bouge… On inspire et on expire, de façon rapide, douce et légère … Pendant l’hôpital : Étant allergique à quasi tous les antidouleurs (sinon ce n’est pas drôle), les visualisions et la concentration sur plusieurs points en même temps sont révolutionnaires. Quelques secondes de ces pratiques, pour ne rien ressentir, sortir de cet hôpital et de ce mal-être… Par la suite, j’ai la chance d’être déplacée en chambre individuelle avec une fenêtre… Mon ouverture vers l’extérieur : le vent, l’air et le soleil caressant ma peau m’aide à m’évader de là où je suis. Grâce à la pratique de la méditation, une sensation de liberté s’installe … Libre de cet enfermement forcé mais nécessaire. La rééducation avançant, je commence à travailler des étirements pour la jambe gauche. Bouger, même un peu, fais circuler l’énergie. Quand j’étire le grand fessier et le pyramidal du bassin, bonheuuuur : un relâchement musculaire, jusque dans le dos. Je n’oublierai jamais cet instant. Bien sûr, on me déconseille ce genre de pratique mais j’en conclus que si on écoute son corps et qu’on le déplace par des micros-mouvements, cela le libère de multiples tensions … Autre moment magique : le changement de béquilles. Mon bras cassé n’est pas découvert immédiatement. J’ai beau dire que j’ai mal et que je ne bouge que la main. 15 jours passent avant qu’on ne le remarque. Cela rend ma rééducation très compliquée vu que je suis censée pousser sur un déambulateur ou des béquilles pour stimuler le système nerveux. Après cette découverte, on m’attribue des béquilles anglaises qui se placent sous les épaules … Rhooooooo mais comme c’est bon … En relâchant mon poids sur elles, c’est juste un soulagement inégalé auparavant. Les médecins sont plutôt réticents à ce genre de béquilles car avec un vissage et barre sur 5 vertèbres cela entraîne une traction dite néfaste. Eh bien, moi je vous assure qu’elle est juste magique cette traction. Ensuite, vient la force de la pensée : « Là où le regard va l’énergie suit » … On peut l’appeler, peut-être, l’influx nerveux : Quand je regarde mon pied droit avec un drap, rien ne bouge. Nouvelle tentative, sans le drap, j’envoie le message à ma jambe de se lever et VICTOIRE ! Durant ce séjour à l’hôpital, je suis passée par une multitude d’étapes remplie de frustration et de joie … A force de pratique intensive, le Yoga, les visualisations et le souffle, ont contribué à ma guérison. Cet été au bout de 3 ans, presque sur un coup de tête et pour conclure un trait sur mon accident, je me suis lancée un petit challenge : faire la traversée des Alpes en autonomie (de chez mes parents : du lac des Mesches au lac Léman). J’y avais déjà songé l’année dernière et fait quelques tests de nourriture. C’était une première, partir seule, dormir dans sa tente. J’aurai voulu faire du zéro déchet mais les contraintes de poids m’y ont fait renoncer. Je reste fière d’avoir parcouru tous ces kilomètres (604 km et 30 000 +) et réalisée cette traversée faite en juillet 2020. Les moments magiques et les rencontres resteront gravés dans mon être. Comme quoi le mouvement c’est la vie. Les rêves permettent l’impossible.